vendredi 24 août 2007

Una tontería

Ouais, il paraît que j'ai fait une bêtise.

Du moins, c'est ce que j'ai cru lire sur le visage de Corina lorsque je suis rentrée à Villa Olímpica et que je lui ai dit ce que j'ai fait de ma soirée.

Remontons un peu dans le temps...

Mes mercredis sont plutôt calmes avec seulement classe de Basket et de Producción audiovisual. Miguel Ángel Najera est un prof très exigent mais qui est en droit de l'être. Il sait imiter les accents de toutes les régions du Mexique...depuis le juif fresa (snob) de Polanco au Norteño (du nord). Le cours se termine et je décide de me rendre à la HSBC pour payer les cours de Japonais. Un des élèves me griffone un plan super simple au premier abord. Je dois aller tout droit tout droit tout droit en sortant du TEC. Je ne sais pas comme je me débrouille mais je vais à droite à droite à droite en sortant du TEC. Perdu, sans une seule ombre d'HSBC visible à l'horizon. Mais aujourd'hui est un jour de chance car un homme se rend là bas également - il travaille dans les équipements de climatisation, alors je lui tape la discute sur le Métro mexicain qui en aurait bien besoin. La banque est plus éloignée que je ne le pensais. Je sens une présence derrière nous.

MARCK!

Ou pluôt, le tatoué.

Alors là c'est vraiment un coup du destin. Si je ne m'étais pas perdue avant, je ne l'aurais pas croisé. Il habite dans la rue qui va vers la banque, s'arrête devant chez lui. J'avance avec mon accompagnateur, et j'entends Marck crier: "Si vous avez besoin d'un raid vers Insurgentes, je peux vous emmener!" Il dit "vous", car il pense que le gars juste devant moi est de Villa également, alors que non, je traîne souvent avec des inconnus qui n'ont rien à voir avec moi depuis que je suis arrivée au Mexique.

Une fois de retour de la banque, je sonne au n°11. L'appartement de Marck est plutôt spacieux et super bien rangé. Bref, il est vraiment agréable et confortable. Je lui dis qu'en fait je dois passer au TEC pour déposer le paiement au département des langues. Lorsque nous approchons de sa superbe Chrysler (avec un bélier pour logo) je lui dis en rigolant que je veux conduire.

J'ai droit à un grand sourire: Marck est d'accord!!!! Je suis effrayée par mes propres paroles, ce qui était une blague devient une réalité? Je ne le connais que depuis moins de 48h et il me tend les clés de sa voiture. Je me retrouve au volant, avançant prudemment le long de la Calle Miramontes. Il pleut à verse. Mais la voiture est quasi neuve, je dirais magnifique...un volant souple, une direction assistée parfaite...Après le passage au département des langues, nous retournons chez lui. Je lui demande ce qu'il va faire de son aprèm: pas de boulot pour demain. donc beaucoup de guitare. Il jour pour moi du Villa Lobos, du Albeniz, des études pour flamenco. Son niveau est vraiment très bon. Pourtant, il n'aime pas trop jouer les morceaux des groupes genre Red Hot et se fout un peu de la gueule des ados se prenant pour Kurt Cobain, feignant la difficulté insurmontable de Smells Like a Teen Spirit.

Puis le temps est venu de bouger, alors c'est parti. Je n'ai pas envie de rentrer à Insurgentes, alors que faire?? Il conduit pendant assez longtemps et nous ne savons toujours pas où aller. Coyoacán? Non déjà vu. Cuernavaca, me dit-il en plaisantant, car lui et son ex-copine étaient allés jusque là bas par total manque d'idée. Puis lui vient une illumination: "T'es déjà allée à Plaza Garibaldi??" Et bien non, je n'ai pas eu le bonheur de découvrir la place des Mariachis. pas encore. Et nous nous retrouvons sous une sorte de mini acropole en train de se faire hurler dessus par des trompettes stridentes, sur l'air de GUADALAJAAAAAAAAARA !!!! Ca a le mérite d'être joyeux comme chanson.

Une deuxième? Non non sans façons. Alors ce seront 100 pesos.

Nous partons, et il me raconte en passant devant une sorte de nightclub comment il est allé voir du tabledancing avec toute sa famille. Oui, vous vous souvenez dans Lost in Translation, les mesdames en collant qui se contorsionnent sur les tables des clients. Je lui réplique que j'ai fait mieux en allant regarder au ciné La Mala Educación avec ma mère et mon frère.

Deuxième destination de la soirée, la Torre Latinoaméricana. Nous n'avons pas accès à la partie plein-air car il pleut à verse. Quelle déception...Alors au 47e étage, Marck se console avec une glace à la fraise. Pourquoi visiter le musée de la Tour? On lui doit le respect, elle qui a résister au séisme de 1985. Mais pas tellement que ça, me fait observer Marck en me montrant des seaux qui récupèrent l'eau de pluie qui goutte du plafond.

Troisième destination, je décide qu'il faut dîner. Où? Nous ne le savons pas encore et nous ne le saurons que 1h30 plus tard. A mi-chemin vers nulle part sur l'avenue Insurgentes, je prends le volant. Je suis prête à affronter la grande circulation. Marck me dit: Tout ce que je te demande, c'est de mettre ta ceinture et de ne pas rentrer dans les autres voitures. Si ce n'est que ça, je peux largement le faire. Je me familiarise avec les topes, ces ralentisseurs bien chiants tous les 100m qui bousillent la voiture. Il faut y passer avec la première vitesse. La musique à fond, on passe de I will Survive à Offspring et Blink 182. C'est carrément grave. Mais j'adore, je me sens comme James Dean dans la Fureur de Vivre, avec la fin en moins. Il y a bien un moment où j'ai frôlé la carrosserie d'un autre véhicule, où j'ai doublé un taxi par la gauche pour tourner à droite. Mais rien ne m'arrête. Les restaurants défilent, et on ne sait toujours pas aller. Alors Marck décide et me donne des instructions. A droite, à gauche, ralentis.

L'italien est toujours une valeur sûre. Surtout que lorsque je goûte aux pâtes d'Italiannys, avec un fond de ténor faisant ses vocalises, j'ai l'impression d'être en Sicile. Violon, accordéon: pour Marck c'est la France. Il a encore pris un smoothie à la fraise et surtout, il m'a invítée à la fin. Il faut préciser que les tarifs de carte se rapproche dangereusement des prix européens. La prochaine fois, ce sera moi.

Je ne sais pas comment rentrer, et pourtant c'est encore moi qui conduis sur le Périférico, une sorte de voie à grande vitesse qui fait tout le tour de México. Je monte à 90 km/h. On dépasse le TEC et j'essaie de me représenter mentalement le trajet du pesero. Finalement c'est Marck qui saura mieux que moi où j'habite. Il est minuit lorsque je franchis le poste de sécurité de Villa Olímpica, au volant de la Chrysler que j'espère revoir.

TU AS CONDUIT SANS PERMIS??? me demande Corina.

Eh oui, c'est bien ca. Mais la pire des conductrices françaises a plutôt été habile au Mexique, hormis quelques feux oranges de grillés.

A renouveler.



4 commentaires:

Furan a dit…

Enorme =D

En Pologne, je ne t'aurais pas laissé conduire.

Franchement, le titre m'a tenu en haleine pendant longtemps ; je me disais "meeeerde, bon, qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?", alors je cherchais l'événement relativement tragique dans tout ça...

...jusqu'à être rassuré du "j'ai conduit sans permis". Si ce n'est que ça ;)

Anonyme a dit…

WohoooOOooo mais voilà ton bon plan pour éviter de dépenser des soussous à ton auto-école: la conduite illégale ! Je l'ai toujours dit iii ! BravoOOo à ta merveilleuse conduite sans accident iii ^^

Joël Té Lessia Assoko a dit…

:) très bien raconté

Rue des Arts a dit…

Cher Furan, il s'agit d'une bêtise car tout compte fait ça aurait pu mal tourner. Mais tu connais ma fascination pour la prise de risques, non?
Et LNou, sache que je ne serai pas illégale bien longtemps. Dès que ma situation est réglée auprès de l'Institut National d'Immigration, je fais les papiers pour mon permis mexicains! Bah voilà!