samedi 12 janvier 2008

La chance tourne

Le 9, veille du départ à México, la chance a tourné. Ils n'ont toujours pas mon passeport, mais c'est un autre "miracle" qui va faire bouger les choses. Je rencontre Anne Proenza,responsable de la section Amérique latine de Courrier International. Mon stage de un mois pendant les vacances d'été tient toujours: au moins une bonne nouvelle!
Je me rends directement vers l'agence Air France, la plus proche, située place Edmond Rostand vers le Jardin du Luxembourg. Je ne me faisais pas trop d'illusions. Jusqu'à nouvel ordre, Go Voyages et Air France se renvoyaient la balle pour ne pas avoir à traiter mon cas. Quand j'appelais Go Voyages, ils me demandaient de m'adresser au comptoir Air France. Quand j'appelais Air France, ils me disaient que je devais voir ça avec l'agence de voyage qui m'avait vendu les billets.
Très vite, la réponse tombe et m'est étrangement familière: "Ca, vous devez le voir avec votre agence de voyages." me dit l'employée. Je la détaille du regard. Elle est fine, ses cheveux châtains, coupés au carrés, s'agitent mollement en accompagnant les mouvements de son visage. Ses pommettes hautes sont hâlées d'un doré peu naturel, ses yeux assez ternes.
Elle plisse les yeux en lisant les références de mon vol. "Vous avez déjà consommé l'aller?" "Oui, réponds-je, j'ai fait Paris-México et là, j'y retourne".
Elle semble se raviser. "Aaah, dit-elle, alors dans ce cas, c'est différent." D'un ton poli et monotone, elle m'annonce que j'ai le droit de modifier la date de mon vol retour moyennant une pénalité de 102 euros. Cette somme est élevée dans l'absolu. Mais dans mon cas, c'est plutôt une excellente nouvelle! Mais à quelle date reporter mon retour? "Prenez votre temps pour y réfléchir", me conseille-t-elle d'une voix patiente.
Bon. Imaginons le pire. Mon passeport traîne encore une semaine avant de me parvenir. Il arriverait...le 21 janvier et donc je devrais prendre un avion pour le 22. Manquer une semaine de cours, ça ne le fait pas vraiment, mais je ne puis y remédier. Je me décide donc pour le 22. Elle m'imprime un nouveau billet électronique et je sors à contre-coeur 102 euros de mon portefeuille.
Les billets en poche, je reste quand même un peu sur Paris, histoire de faire les soldes. Après avoir déjeuner une crêpe Popeye dans le quartier Saint Michel, je pars à l'assaut (relatif) des boutiques, en ce premier jour de soldes.

mardi 8 janvier 2008

MERDE ET MERDE ET MERDE


Je peux dire adieu à 1000 euros. Pourquoi?
Le 26 décembre, jour de ma funeste erreur, j'ai fait faire un nouveau passeport électronique à la mairie d'Antony, en pensant que tout serait plus simple qu'en le faisant à partir du Mexique. L'employée administrative me dit que je l'aurai le 8 janvier, elle le marque en rouge sur mon dossier. J'ai été bien naïve.
Il ne faut pas en attendre trop des gens, et surtout pas de l'administration française. Je suis également responsable de ma connerie.
On est le 8 janvier, et voici le bilan de ma situation:
- Je reçois l'appel d'une mégère de la Sous-préfecture d'Antony. Mon passeport n'est toujours pas imprimé, de toutes façons mon cas n'était pas considéré comme urgent. Mon dossier est à l'Imprimerie Nationale à Douai, et il est impossible de les contacter.
- Je ne peux pas réutiliser mon ancien passeport, bien qu'il comporte mon visa, puisqu'il a été annulé. C'est marqué en énorme sur la première page.
- Bref, je n'ai qu'à attendre demain, et croiser les doigts.

"Je vous avais prévenue", me dit la dame de la mairie. Ah ouais. Elle ne m'a pas dit que je risquais de ne pas l'obtenir le 8. Maintenant, je ne peux plus rien faire. L'administration française décidera de mon sort.

Ou le passeport arrive demain et j'ai une chance de cocue, ou il n'arrive pas et je perds mon vol, je loupe mes inscriptions et mes premiers cours, et je serai obligée de racheter les billets (2500 euros selon Air France).


dimanche 6 janvier 2008

Merci

Pour tout ceux qui m'ont lue jusque là, que ce soient quelques articles ou l'intégralité de mes aventures, JE VOUS REMERCIE !
Je suis persuadée que vous n'êtes pas nombreux...mais qui que vous soyiez, laissez-vous connaître, écrivez des commentaires!

La plupart des photos illustrant les articles n'ont pas été prises par moi (manque de moyens on va dire), mais j'ai cherché sur d'autres pages web des images qui se reflétaient le mieux mon expérience visuelle, celles qui ont le mieux mis en valeur la beauté des différents sites visités. Ouin! Je croise les doigts pour qu'on ne m'attaque pas en justice pour non respect des droits d'image ou autre motif vaseux!

Le blog n'est pas encore terminé, il me reste encore plein de bonnes (et moins bonnes) choses à vivre, et je les raconterai, bien sûr! Ce blog n'est pas destiné à être un journal intime. Dans un journal on met bien plus que ce que je publie actuellement. Cela peut paraître parfois trop personnel, mais pour décrire une telle expérience on ne peut pas ignorer les sentiments, les impressions que laissent les différentes rencontres réalisées. Elles en font totalement partie! Ici, je fais juste un rapport plutôt exhaustif de ce qui m'arrive au Mexique.

Et j'espère que ça vous incite à venir (ou à y retourner)! Voici en prime un petit dessin paint que j'ai fait, car cela faisait longtemps que je n'en avais pas publié!

En résumé: une pyramide, de la verdure, LL et son yakuza mexicain à court de pesos

A bientôt,

LL

mardi 1 janvier 2008

Pré-anniversaire chez Lara

Voilà ma mère qui s'impatiente, qui râle. C'est que je n'ai pas respecté mon engagement. Oui, je lui avais dit que j'acceptais de venir à une fête vietnamienne (ou plutôt rallye) organisé par ma tante. "Tu avais donné ta parole!"
Bah oui. J'avais accepté dans la mesure où mes cousins venaient. C'était avant de savoir que je ne pouvais voir François, Lara et son copain Quentin uniquement ce jour-là le 29 décembre. Et puis zut! Je ne suis pas venue jusqu'en France pour m'ennuyer à une fête viet où bien sûr il n'y aurait que des jeunes incapables de parler d'autres choses que de leurs études. Moi y en a faire HEC; et moi y en a faire pharma. L'utilité de ses fêtes? S'amuser, bien sûr. Mais derrière toute cette organisation, les parents vietnamiens rêvent en secret que leurs progénitures rencontrent leur moitié à ces soirées, et un bon parti de préférence. Mon cousin en l'ocurrence, est un excellent parti: beau garçon comme Papa, à la fois étudiant à HEC et à l'ENSAE, et ne manque pas d'humour. Normal qu'il soit si cool, c'est mon COUSIN.

J'ai donc pris une décision qui me convient plus. Rejoindre Lara et goûter à la petite soirée concoctée par ses soins. Son appartement est génial, à l'image de sa propriétaire. Juché en haut d'un édifice du 18e arrondissement de Paris, cet appartement est une caverne d'Ali Baba d'objets au goûts excentriques de Lara. La pièce est aérée, lumineuse et explosive de couleurs vives. La profusion de tons oranges, rouges, roses reflète le côté baba-cool mais sophistiqué de l'endroit. Comble de l'incongru: Oscar Casanova, squelette de résine qui aide Lara a réviser ses partiels d'anatomie. Tout est absolument magnifique. Si j'avais un appartement, j'aimerais qu'il ressemble à celui de Lara.

Nous prenons l'apéritif vodka-petits fours sucrés sur la table transparente. Nous sommes déjà repus avant qu'arrive l'entrée. Chèvre chaud enrobé dans de la chapelure, puis gnocchis à la sauce tomate. "Je sais que t'aimes ça, alors j'en ai fait!" me dit joyeusement Lara. La tarte aux pommes arrive avec le cidre, que je mets une heure à ouvrir en face de la fenêtre ouverte (par peur du bouchon).

Pour continuer le bonheur, Lara nous propose un film de l'espagnol Alex de la Iglesia, pas connu du tout. J'ai nommé ACCION MUTANTE! Un bande de terroristes handicapés qui projette de débarrasser le monde des beaux, riches et nantis. Ils kidnappent la fille d'un magnat du pain, mais tout commence à partir en vrille lorsque le chef de la bande assassine ses pairs un par un. Il doit livrer la fille en échange de la rançon sur Axturias, une planète où les femmes n'existent pas! C'est gore, mais tellement marrant.

Je m'en vais juste après le film, car il est déjà tard. Lara me remet mon cadeau d'anniversaire: un faux-agenda nommé "365 jours pour réussir" avec des conseils douteux. Je jubile.

Marck


Le temps est venu de consacrer un (deuxième) article à cette personne qui a quelque peu bouleversé ma vie. Il est devenu indissociable du Mexique lui-même, tant son importance est grande dans l'histoire de ma troisième année à l'étranger. Qui est Marck? Une histoire, un concept abstrait, une expérience, un caractère, une foule de sentiments qui se bousculent dans une simple enveloppe corporelle. Il n'est pas question de l'idéaliser, mais juste de décrire ce regard unique que j'ai sur lui.

On n'est pas impressionné par sa beauté physique. Il s'agirait juste d'un jeune garçon de 21 ans comme les autres...Mais pas comme les autres mexicains. Il y a certaines personnes qui affichent un sourire permanent sur leur lèvres. Marck en fait partie. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il fasse beau, qu'il soit heureux ou malheureux, il a toujours cette moue figée sur son visage. Un sourire qui ne dit pas: "je suis content", mais plutôt "je n'ai pas d'hostilité". Car l'hostilité est un sentiment superflu qui fatigue plus qu'il n'apporte quelque chose. Son sourire est la première chose que j'ai remarquée chez lui.

Si on s'attarde sur ses traits, on y verra de grands yeux noirs, parfois doux, parfois espiègles...des rides d'expression assez marquées autour de la bouche et sur le front. Celui-ci est large et assez en avant par rapport au reste du visage. Son nez est une bizarrerie que même lui ne sait comment interpréter. Il est court et légèrement busqué. Quand il sourit, sa bouille devient toute ronde; ce qui lui donne l'air d'un adolescent fraîchement sorti du lycée.

Ses cheveux que je trouve magnifiques - noirs comme de l'encre et lisses par endroits - le laissent perplexe. Il essaie de les dompter avec un peu de gel par ci par là, sans pour autant échapper à la raie au milieu qui surgit à tout moment. Il surgissent de sa tête comme le pétrole jaillit de la terre, bien fournis et rebiquant au-dessus de la nuque. Un étrange phénomène.

Contrairement à la plupart de ses compatriotes mexicains, sa peau est d'une blancheur d'ivoire. Je lui prête des origines espagnoles depuis Hernan Cortés. Il a le corps d'un homme qui a maigri trop vite pour que sa peau se rende compte; celle-ci est trop étirée, voire craquelée par endroits.

Ses mains sont habituées au toucher de la guitare. La peau est rocailleuse au niveau du bout des doigts, et très abimée sur l'ensemble des mains. C'est ce que je ne manque pas de lui rappeler quand il me traite de "lèvres gercées". Mais le plus impressionnant, sur ce corps qui a tout de banal, c'est le tatouage. Chef-d'oeuvre incrusté dans la toile de la peau de Marck, la chose vit, se meut, s'enroule et se déroule le long de son bras gauche, jusqu'à son poignet. Sur le dos, se tortillent des serpents comme s'ils avaient pris vie après avoir été sortis de l'Auryn (médaillon magique dans l'Histoire Sans Fin). Des gryffons et une plante semblable au céleri cernent le tatouage dorsal. Sur le torse, un énorme cercle turquoise contenant des runes s'impose à la vue. On en oublie la sirène orangée qui repose sur son bras droit.

Son corps est donc visuellement marqué à vie par une parcelle de ce qui est son royaume.